Les fjords de l'ouest (3/5) - Le Sognefjord et les parcs nationaux

Jour 7 : Mercredi 17 juillet 2019

Ce matin en nous levant, nous avons la surprise de nous retrouvés entourés de vikings, tous prêts à retourner au festival. De notre côté, il est temps de reprendre la route. Nous faisons une première halte à Undredal, un petit village au bord du Aurlandsfjord, connu pour son fromage de chèvre et le fameux brunost. Après avoir croisé quelques dizaines de biquettes le long de la route, nous nous garons près de l'épicerie du village et achetons du brunost et deux fromages de chèvre à pâte blanche. A côté se trouve une petite exposition qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur la confection du brunost

Petite parenthèse fromagère : Unique lieu en Norvège où la production de fromage à partir de lait non pasteurisé est autorisée, Undredal produit deux sortes de fromage : le blanc et le marron. La première étape consiste à séparer le lait : le caillé solide pour le fromage blanc et le caillé liquide pour le fromage marron (le fameux brunost). De la crème est ajoutée puis le tout est cuit pendant 6 à 8 heures. Le lait va caraméliser et donner au brunost sa couleur brune et son goût sucré. Le brunost peut être préparé à partir de lait de vache (le goût sera plus doux), de chèvre ou d'un mélange des deux. Pour l'anecdote, il n'est pas reconnu sous l'appellation fromage en dehors de la Scandinavie. 


Undredal...

...son église en bois debout...

...ses chèvres...

... et son fromage bien sûr !

Exposition sur la fabrication du brunost

Nous reprenons la route en direction de Solvorn, notre prochaine étape. Pour y aller, deux solutions s'offrent à nous. Soit emprunter le plus long tunnel du monde et ses 24km, soit parcourir la route panoramique Aurlandvagen, aussi appelée la route de la neige, ouverte seulement quelques mois l'été. Evidemment, on choisit la seconde option. 

Après 10km d'une route de montagne sacrément étroite, nous nous arrêtons au premier point de vue, impressionnant pour la vue qu'il offre sur le fjord, effectivement, mais aussi pour sa passerelle design suspendue au-dessus du vide (elle nous rappelle le Preikestolen !). Quelques lacets plus loin, nous traversons un immense plateau rocailleux. Les immenses congères de glace qui donnent son nom à la route ont malheureusement fondues mais plusieurs névés résistent. C'est beau.

Au dernier stop aménagé sur la route panoramique, un petit sentier nous amène dans une grotte à l'intérieur de laquelle se cache une drôle d'oeuvre d'art : un ours endormi sur un tas de détritus. L'oeuvre dénonce le désastre causé par la pollution plastique sur la nature.


Vue sur le Aurlandsfjord

Passerelle en bois aux airs de Preikestolen

Route de la neige

Route de la neige

Route de la neige

Ours victime de la pollution plastique

Encore quelques kilomètres de route, puis la traversée en ferry du Sognefjord et nous arrivons à Solvorn. Nous découvrons Eplet (en français, "la pomme"), charmant camping et maison d'hôtes. C'est ici que nous passerons les trois prochaines nuits. Sous un tipi, trop cool ! Devant nous, au loin, le fjord, et plus près des vergers (Eplet produit ses propres jus de fruit et confitures) mais aussi des moutons, des lapins, des poules... 

Après le goûter des enfants, nous descendons sur la plage où nous sommes surpris de voir autant de monde à l'eau. Allez zou, je remonte chercher les maillots et on y va aussi. Un peu fraîche au début et puis on y est si bien ! Un bon petit resto avec plats maison pour enchaîner, suivi d'un bon bouquin dans le jardin face au fjord. Les vacances se passent bien !


Notre tipi pour les trois prochaines nuits

La jolie vue sur les vergers, le village de Solvorn et le Sognefjord

Jour 8 : Jeudi 18 juillet 2019

Réveil matinal aujourd'hui (il fait jour tôt dans le tipi) sauf pour Emeric qui pour une fois dort jusqu'à 8h30. Aucun doute, les vacances ça fatigue ! Petit déjeuner au soleil puis nous prenons la direction du glacier Nigardsbreen, un des bras de l'immense glacier Jostedalsbreen, le plus grand glacier d'Europe continentale. Le parc national Jostedalsbreen, d'une superficie de 1310km² a été créé en 1991 afin de protéger cette précieuse zone glacière. 

Après une heure de route le long d'une très jolie rivière de couleur bleu glacial, nous nous garons sur le parking du glacier. Il nous reste plus qu'à parcourir 2,8km sur un petit chemin rocailleux. Pas de dénivelé mais attention aux pierres glissantes ! Un bateau fait la navette et permet de réduire le parcours de moitié, mais nous préférons marcher. En chemin, nous longeons la rivière par endroit gelée. Et puis c'est l'arrivée au pied du glacier. Impressionnant ! On enfile vite un pull, surpris par le vent, et trouvons un coin un peu abrité pour le pique-nique. 

Un ruisseau surgit de sous le glacier. En haut, on aperçoit les randonneurs munis de crampons et piolet arpenter la glace. Mathias est impressionné et aimerait bien être à leur place. Encore quelques années à attendre... Quant à nous, on se bat avec les nuages pour tenter de faire la photo parfaite du glacier ! 

Puis vient l'heure de redescendre. Emeric, qui a marché avec entrain plus de 3km depuis le départ, finit par capituler et s'endort dans le sac à dos. Encore une très belle journée de vacances. Et qui n'est pas terminée car on prolonge avec un plongeon dans le Sognefjord, sur la même petite plage qu'hier. La soirée s'achève tranquillement au camping (enfin pas si tranquille que ça, les garçons se sont trouvés plein de copains pour faire les fous !)

Glacier Nigardsbreen

Les eaux turquoises du glacier

Mais aussi les eaux gelées

Glacier Nigardsbreen

Glacier Nigardsbreen

Vue de l'autre côté


Jour 9 : Vendredi 19 juillet 2019

Cette fois-ci, ce n'est pas le soleil mais la pluie qui nous réveille. Moins drôle. Enfin, nous n'allons pas nous plaindre, c'est la première fois qu'elle nous rend visite pendant ces vacances. On est tout de même en Norvège ! Et puis surtout elle s'estompe très vite. C'est au sec que nous montons sur le bac qui nous permet de traverser le fjord et rejoindre l'Eglise en bois debout d'Urnes. Après 15min de traversée et 20min de marche, nous arrivons devant la plus vieille église en bois debout du pays. Elle est datée d'environ 1140. Un guide nous décrit les sculptures représentant dragons et serpents sur la façade extérieure, puis nous raconte l'évolution architecturale de l'intérieur du bâtiment. La lumière et l'acoustique ont été pensés de manière à mettre en valeur la statue du Christ accrochée au-dessus de la nef. 


Eglise en bois debout d'Urnes

Sculpture sur la facade de l'église

Intérieur de l'église

Intérieur de l'église

Vue sur le Sognefjord...

... et sur le village de Solvorn

On redescend à pas de course, courant à travers champs, afin d'attraper le prochain bateau, puis rentrons déjeuner au camping. Après une petite sieste, nous décidons de tenter l'ascension du Mont Molden qui culmine à 1108m au-dessus du Sognefjord. Etant données l'heure tardive et la difficulté de la rando, nous décidons de nous arrêter au point de vue de Svarthiller, à un peu plus de la moitié du trajet. La vue est à couper le souffle. On aperçoit l'extrémité d'un des bras du Sognefjord, de belles eaux turquoises entourées de montagnes verdoyantes. Tout simplement magnifique. C'est le sourire aux lèvres que nous rentrons à Eplet, pour notre dernière nuit sous le tipi.


Ascension du Mont Molden

Point de vue de Svarthiller

Jour 10 : Samedi 20 juillet 2019

Aujourd'hui, nous mettons le cap vers la route panoramique 55, connue sous le nom de Sognefjellet. Longue de 108km, elle relie Gaupne à Lom et s'insère entre deux parcs nationaux. A l'Est, le parc national de Jotunheimen, créé en 1980 et d'une superficie de 1151km², abrite les plus hautes montagnes de Norvège et plusieurs glaciers. Il est très apprécié des randonneurs. A l'Ouest, le parc national de Breheimen, créé en 2009.

Mais revenons à la route 55, surnommée « la route sur le toit de la Norvège » car il s'agit de la plus haute route carrossable d’Europe du nord : elle passe par le col le plus élevé de Norvège, à 1434 mètres d’altitude.  Malheureusement, comme pour la route de la neige, nous arrivons trop tard dans la saison. Les immenses congères de neige qui rendent cette route si surprenante ont fondu. Néanmoins, les piquets rouges qui longent la route nous font bien ressentir la hauteur de neige qu'il peut y avoir en hiver.


Route panoramique 55

Route panoramique 55

Route panoramique 55

Route panoramique 55

Nous traversons un paysage immense et rocailleux avec de nombreux sommets enneigés à l'horizon. Peu avant d'arriver à Lom, nous bifurquons sur notre droite en direction du parc national de Jotunheimen. Après nous être acquittés d'un péage de 100 nok, nous empruntons une route qui nous mène à Juvasshyta. A l'arrivée, nous jouissons d'une superbe vue sur les sommets environnants et nous avons l'agréable surprise de découvrir une station de ski d'été sur le glacier. Et que de monde sur la piste ! 

Beaucoup de gens viennent dormir au lodge Juvasshyta car il s'agit du point de départ le plus proche pour gravir le Galdhøpiggen, la plus haute montagne d'Europe du Nord, qui culmine à 2469m d'altitude. Mais c'est un tout autre programme qui nous attend. En effet, nous sommes ici pour visiter un tunnel de glace "Climate Park". La visite commence par une longue promenade au pied du glacier, où climat, faune, flore et vie du glacier nous sont expliqués. Le plus drôle est le moment où notre guide nous demande de sauter de toutes nos forces sur le sol dur. Au bout d'un moment, le sol se ramollit, on a provoqué (un tout petit peu) le dégel du permafrost.

Petite parenthèse scientifique : Le permafrost (ou pergélisol) est un terme géologique qui désigne un sol dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs. Il est donc gelé mais aussi complètement imperméable. Il représente 20% de la surface terrestre de la planète et est situé dans les régions alpines, arctiques et antarctiques. Le permafrost est recouvert par une couche de terre, appelée « zone active », qui dégèle en été et permet ainsi le développement de la végétation. Ses formations, persistance ou disparition, et son épaisseur sont très étroitement liées aux changements climatiques. C'est pourquoi il est étudié en tant qu'indicateur du réchauffement climatique par un réseau mondial de chercheurs s'appuyant sur des sondages, des mesures de température et un suivi satellitaire.


Station de ski d'été 

Chemin surplombant le permafrost et menant à l'entrée du tunnel de glace

Mais voici le moment le plus attendu, nous pénétrons dans un immense tunnel de glace, long de 70m et couvrant une surface de 375m2, entièrement creusé à la main par une équipe de 9 hommes en l'espace de 3 mois. A l'intérieur se trouvent plusieurs pièces dont une petite salle de projection où nous regardons un film sur la construction du tunnel, mais aussi de nombreuses sculptures et même un toboggan pour le grand plaisir de Mathias (qui se fait tout de même un peu mal aux fesses !). En revanche, même si nous sommes bien couverts, le froid se fait de plus en plus sentir. Il est grand temps de ressortir, de remonter dans la voiture et de redescendre dans la vallée où nous gagnons rapidement 10°C. 


Arbre de glace

Planète de glace

Vestige datant de 1500 ans

Contemplation d'autres vestiges

Nous rejoignons ensuite la sympathique ville de Lom. Nous contemplons la très jolie église en bois debout, franchissons un pont à l'architecture surprenante, nous arrêtons au-dessus de la rivière mouvementée... et hop, il est temps de rejoindre le petit appartement loué pour la nuit. Après 3 nuits sous un tipi, on n'est pas mécontents de retrouver un peu d'espace.


Fontaine de Lom

Eglise en bois de bout de Lom (côté pile)

Eglise en bois de bout de Lom (côté face)

Passerelle en bois à l'ancienne





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